Stéphane, des satellites à la valorisation de déchets

Par Claire le 07/12/2021 dans Ils se sont mis en mouvement

“Mon impact social va être plus fort localement en travaillant en ressourcerie qu’en travaillant chez Airbus”

Je rencontre Stéphane à la Rafistolerie, une ressourcerie qui a ouvert ses portes il y a 6 mois. Par rapport à ma dernière visite lors de ses Journées Portes Ouvertes, le lieu est étonnamment calme. Il faut dire que c’est un jour de fermeture au public. J’arrive par la porte du personnel, au milieu de l’atelier où les objets attendent de se faire réparer.

Il fait beau mais le vent d’Autan est de la partie. Pour l’interview, on s’installe donc dans la cuisine, autour d’une boisson et d’un carré de chocolat.

Bonjour Stéphane, tu travailles actuellement à La Rafistolerie à Castanet-Tolosan dans la banlieue toulousaine, une ressourcerie dont l’activité est donc de récupérer, valoriser et revendre à prix solidaire des produits inutilisés, et tu t’occupes plus particulièrement de l’atelier en tant que Facilitateur Technique d’Atelier. Peux-tu m’en dire un peu plus ?

La Rafistolerie est une association qui date de fin 2018 et qui a été créée suite à la création d’un collectif qui a identifié un manque sur le territoire en termes de ressourceries. En parallèle des recherches de locaux, l’association a commencé à faire des animations et de la sensibilisation. J’ai intégré le collectif lors des premiers Café Bricol’. Un Café Bricol’, c’est une rencontre entre des personnes qui viennent avec quelque chose à réparer et des personnes qui ont des compétences pour cela. Être personne ressource sur les Café Bricol’ m’a plu et c’est comme ça que je suis rentré dans l’association.

On a reçu les clés du local mi-janvier 2021. Jusqu’en mars 2021, avec les bénévoles, on a fait l’aménagement intérieur. Aujourd’hui, on occupe à peu près la moitié de la superficie du bâtiment, une ancienne poste, soit à peu près 300 m2. Fin mai 2021, l’association a pu ouvrir la boutique au public et elle est complètement déployée sur ses objectifs principaux : récupérer valoriser, revente solidaire et sensibiliser. Les deux prochains gros chantiers seront de monter un chantier d’insertion et de trouver un accord avec la mairie pour aménager le reste du local. Cela va être ma mission principale dans les 2 ans à venir avec Cécile, la coordinatrice de l’association : tout organiser, préparer la partie administrative et la logistique qui va avec. L’année prochaine, je vais me former au métier de moniteur d’atelier. Cette formation a pour but de préparer des professionnels en charge d’atelier comme moi à accueillir des personnes en rupture. Un des sujets importants que l’on aura à traiter sera d’arriver à conserver cette dynamique avec les bénévoles qui nous accompagnent tous les jours et ces personnes en insertion. Nous souhaitons vraiment trouver un modèle qui allie ces deux facettes et cela se travaille dès maintenant.

La Rafistolerie, c’est aussi un collectif qui a très bien pris : il y a aujourd'hui plus de 50 bénévoles actifs et plus de 100 adhérents. Presque toutes les semaines, on a des gens qui veulent adhérer, nous rejoindre, participer. Donc, ça vit !

©Vincent Laratta

Tu n'as pas toujours travaillé en ressourcerie. Peux-tu m’expliquer ce qui a fait qui t’a amené à la Rafistolerie ?

J’ai fait deux années d’études scientifiques à la Fac sur une formation de préparation aux concours pour intégrer certaines écoles d’ingénieurs. Au moment de passer les concours, les écoles cherchaient des informaticiens à foison. Comme ce secteur m’intéressait, j’ai fait des dossiers et j’ai intégré l’ENSEEIHT à Toulouse. J’ai fait mon stage de troisième année à Matra Marconi Space. Comme mon stage s’est très bien passé, j’ai été embauché. L’entreprise est devenue Astrium puis Airbus Defense & Space (ADS). Après deux ans, j’ai rejoint l’informatique centrale où j’ai évolué de développeur, puis développeur-architecte, responsable d’une petite équipe de développement, responsable d’équipe transverse, puis responsable d’équipe d’architectes, avec des équipes au départ locales à Toulouse puis des équipes plus grosses. Donc le parcours type d’un ingénieur qui sort d’une école !

Au bout de 15 ans, en 2015, j’ai rejoint une start-up détenue à 50% par ADS et 50% par des Américains : OneWeb. C’est un concurrent de Starlink d’Elon Musk, il s’agit de mettre une constellation de satellites autour de la Terre pour faire de l’internet à haute vitesse sans fibre optique. L’objectif était de créer une chaîne de fabrication en série de petits satellites, de roder la chaîne de fabrication à Toulouse puis d’en monter une en Floride pour faire la production série.

J’ai donc pris la fonction de directeur des Systèmes d’Information. On a démarré en mode start-up, avec une vingtaine de salariés à Toulouse, et on est monté à 200-300. J’ai développé le système d’information à Toulouse et aux USA, et j’ai monté l’équipe côté américain en faisant régulièrement des allers-retours aux USA. Courant 2019, j’ai commencé à voir un peu le revers de la médaille, ce que tous les satellites autour de la Terre (et les constellations des autres concurrents) allaient donner. Ça commençait à m’effrayer d’un point de vue pollution de l’Espace : on est en train de faire une grosse poubelle autour de la Terre.

En quelque sorte, c’est du point de vue de l’Espace et non pas de la Terre que tu as commencé à t’interroger sur la gestion des déchets !

On pourrait dire ça ! Fin 2019, je commençais vraiment à avoir envie de changer de travail et d’aller voir autre chose que l’aéronautique ou le spatial. J’ai donc commencé la recherche d’un autre travail et j’ai eu deux propositions de poste sur le même type de fonctions que celles que j’avais mais plus larges et avec un salaire encore plus gros. J’ai commencé à me dire que gagner plus, c’est valorisant, mais c’est aussi parce qu’on attend un gros investissement en énergie. Je me suis questionné : “Est-ce que je veux gagner toujours plus pour travailler toujours plus ?” Je commençais à comprendre que quelque chose n’allait pas très bien.

Début 2020, il y a en plus quelques tensions familiales et je prends conscience que j’ai des priorités à mettre ailleurs que dans le boulot. Je ne devais pas être loin du Burn-out mais j’ai su écouter un certain nombre d’alarmes. Mon médecin m’a mis en arrêt maladie, un peu avant le premier confinement. J’ai alors profité de cette période pour prendre soin de moi, pour creuser précisément ce que je voulais faire. Un ami m’avait parlé du MSEI. Cette formation m’a intéressé et j’ai donc candidaté. En parallèle, je me suis renseigné sur les dispositifs financiers d’accompagnement mais, soit c’était trop tard pour déposer le dossier, soit il fallait faire une étude de marché pour passer devant une commission de 20 personnes et je n’avais pas envie que la pertinence de mon parcours soit jugé par une commission. Finalement, j’ai donc décidé de financer moi-même la formation. Pour les 6 mois de cours, j’ai pris 4 mois de congés payés que je n’avais pas utilisés et 2 mois sans solde parce que j’avais évoqué la rupture conventionnelle mais mon entreprise n’avait alors pas accepté.

Début octobre, j’ai fait ma rentrée au mastère spécialisé. J’ai fait les 5 mois de cours et je devais retourner dans mon entreprise pour le stage. Ils m’avaient dit qu’on trouverait quelque chose sur l’écologie ou le développement durable. En février 2021, on reprend contact à ce sujet. Je les voyais tergiverser, dire “oui mais c’est compliqué”. Je leur ai redit que les mots Rupture conventionnelle n’étaient pas des gros mots pour moi, que si c’était envisageable pour eux, ça l’était aussi pour moi. Trois semaines après, ils me rappellent pour dire qu’ils acceptent. J’ai alors proposé au Conseil d’administration de la Rafistolerie de faire un stage au sein de l’association.

Donc beaucoup de détermination !

Oui, j’ai eu beaucoup de détermination mais je n’ai pas non plus eu à pousser fort. Les choses se sont faites assez naturellement finalement ! D’une manière générale, je n’ai jamais eu l’impression de devoir bousculer beaucoup les choses pour qu’un travail se présente, ni d’avoir eu un plan prévu longtemps à l’avance sur la direction que je voulais prendre.

C’est sûr qu’il y a 20 ans, si on m’avait demandé si 20 ans après, je serai en train de travailler dans une ressourcerie, j’aurais dit “Ben, non…”. Alors que j’y suis très content et que je suis la même personne. Je ne sais pas dire quel élément il aurait fallu pour que je décide de faire ce que j’ai fait. C’est plutôt quelque chose qui a infusé, dans le temps, par différents canaux.

C’est vrai que c’est un grand écart, passer d’une multinationale avec un CDI, très bien payé, avec des perspectives d'évolutions financières et de carrière, à un contrat, en CDI, mais beaucoup moins bien payé dans une association qui vient de se créer.

Dans un de mes mémoires du MSEI, je m’interroge sur comment on arrive à faire changer l’imaginaire des gens, notamment, concernant la position de l’ingénieur.

Par exemple, parmi les jeunes que j'entraîne au handball, beaucoup veulent devenir ingénieur, mais ils ne savent pas dans quel domaine, juste “Ingénieur”. C’est une position sociale qu’ils visent. Il y a aussi une dame qui me disait à propos du fait que je travaille dans une ressourcerie “Ça n’est pas bien ce que vous faites-là, parce que vous prenez la place de quelqu’un d’autre de moins compétent”. Dans son imaginaire, quand on est sur une voie où l’on grimpe socialement ou hiérarchiquement, on ne peut pas choisir de redescendre, parce que, sinon, on va prendre la place de quelqu’un d’autre et donc c’est mal. Je lui ai dit que mon impact social était plus fort localement en travaillant là qu’en travaillant chez Airbus. Dans les imaginaires, ce sont des choses qui ne sont pas faciles, il faut trouver des axes et des histoires qui racontent des chemins un peu différents.

Dans mon cas, il y a une conférence d’Aurélien Barrau à Polytechnique où il dit que les ingénieurs sont en partie responsables de cet état de dérive climatique, par tous les progrès techniques qu’ils ont amené. Son raisonnement est qu’on ne peut pas demander aux personnes qui ont créé le problème de le résoudre parce qu’ils vont appliquer les mêmes raisonnements, basés sur le tout technologique qui ne permet pas d’anticiper les éventuels effets rebond, les problèmes sociétaux connexes, etc.

Au final, je me suis dit “OK, je suis maintenant convaincu mais, le premier pas à faire, ça n’est pas de chercher à le redire et à convaincre d’autres personnes, il faut peut-être commencer par soi”. J’ai donc passé le pas.

As-tu essayé d’autres formes d’actions ?

Avant le Covid, j’avais essayé de faire des actions ANV COP 21. Pour voir : on en parlait beaucoup donc je voulais voir comment c’était fait. C’est intéressant mais quand tu as une famille, ça n’est pas facile d’aller sur des actions même s’il y a de la place pour tout le monde en fonction du type d’actions. Aller se confronter à une réponse potentielle de la police, pour l’expérience, ça vaut le coup.

Finalement, pourquoi une Ressourcerie ? Il y a d’abord la réduction des déchets et on sensibilise aussi les gens. Je suis très content d'œuvrer ici et de voir des modes de consommation différents. En plus, ça m’éclate de faire quelque chose avec mes mains, de ne pas avoir les fesses vissées derrière un ordinateur en réunion à traiter mes mails et répondre à des SMS en même temps !

As-tu ressenti des doutes ou des freins, réels ou psychologiques au cours de ton cheminement ?

Je les ai déconstruits au fur et à mesure. Le frein essentiel était sur le plan financier, en tant que pilier de famille. Mon changement n'engageait pas que moi. Mais j’ai été bien accompagné par ma compagne, on en a beaucoup discuté, elle m’a largement rassuré.

Quand j’étais en train de préparer ma reconversion et qu’on discutait pas mal à table en famille, j’ai dû moduler un peu mon discours parce que toutes ces discussions ont donné un petit coup de stress aux enfants. Les deux plus grands, 17 et 20 ans, ont verbalisé que ça allait peut-être les gêner dans leurs études. On a essayé d’avoir un discours rassurant en leur disant qu’on serait toujours là pour les accompagner, peu importe les choix qu’ils feraient, qu’on s’arrangerait pour que ça se fasse. Ils ont passé ce cap-là mais ils ont eu une période où c’était compliqué quand ils m’ont vu faire toute cette remise en question. C’était moi le pilier financier à la maison. Donc forcément, moi commençant à bouger, ça a un peu ébranlé quelques habitudes qu’on pouvait avoir.

Pour l’instant, familialement et financièrement, ça passe. Mes 20 ans d’ingénieur, ma rupture conventionnelle et les compléments de Pôle Emploi me permettent d’amortir le virage et la marche financière. En France, on est quand même bien lotis socialement, même si on veut nous faire croire que c’est compliqué. Dans 2 ans, 3 ans, 4 ans, on verra ce que ça donne mais tout ce temps-là sera à profit à la ressourcerie. Ça me permet de tester cette activité mais aussi de pouvoir montrer à des gens que c’est possible. Je pense qu’un des bons moyens d’agir, c’est aussi de montrer par l’exemple.

Donc pas de crainte concernant ton image sociale ?

Ça non. Pas du tout, je l’assume sans problème.

Comment gères-tu actuellement cette prise de conscience écologique et sociale ?

Actuellement, je suis bien en cohérence avec moi-même parce que je me suis engagé sur un projet concret : la réduction des déchets et essayer de faire consommer autrement. Je me sens donc en cohérence entre le personnel et l’activité professionnelle.

Je n’ai pas d’éco-anxiété en elle-même. Par contre, je suis très conscient de toutes les problématiques auxquelles on fait face et auxquelles on va devoir faire face. J’ai toujours un côté optimiste, mais optimiste raisonné : je pense qu’il y aura des moments durs, compliqués pour tout le monde, mais que si on s’y prépare un peu à l’avance, on a un certain nombre d’outils comme l’entraide pour pouvoir prendre le virage. Le problème, c’est que je pense qu’on va prendre le virage au dernier moment et que ça va être un peu rapide. Avoir déjà fait ce virage professionnellement, avoir déjà attaqué ce genre de démarche, me permettra peut-être d’être prêt à absorber d’autres chocs.

La prise de conscience environnementale et climatique est souvent assez tabou, il est souvent difficile d’en parler à ses proches, Cela a-t-il été ton cas ? Comment as-tu fait ton “coming-out” ?

C’est là où le Mastère Spécialisé a été très salvateur. On a beaucoup échangé : on était une population de personnes à peu près dans le même contexte : une envie de changer, des convictions écologiques, beaucoup de connaissances agrégées à droite et à gauche et un sentiment fort qu’il faut faire quelque chose et s’engager. Chacun avait ses sensibilités, ses visions un peu différentes et c’était chouette pour ça. Pendant les 5 mois de cours, ça a été très intense au sein de la promo, on a mis beaucoup de choses sur la table, au niveau émotionnel, personnel… Des choses qu’on ne livrait pas à ses proches. J’ai eu beaucoup de discussions que je n’ai jamais eu avec mes amis.

C’est un peu comme un groupe de parole qui rassemble des gens autour d’une thématique très présente pour eux. Finalement, la formation a été utile sur l’apport de contenu mais aussi sur la maturation personnelle, émotionnelle, psychologique.

Tout à fait. En plus, c’était accompagné au sein du programme. On discutait de ces sujets-là, on rediscutait, on re-échangeait. On a vu qu’on était confrontés aux mêmes problématiques, que chacun les vivait de façon différente.

Petit à petit, j’ai commencé à amorcer le discours avec des amis quand on me posait des questions sur ma formation. Au début, j’étais un peu radical dans mon discours pour bousculer les choses “Les émissions de CO2, c’est une exponentielle en fonction des revenus. Donc, vous pouvez faire vos écogestes mais si vous continuez à gagner autant d’argent, vous faites quand même partie des 1% de la population la plus impactante sur la planète”. Au début, je vois les gens qui froncent les sourcils mais ça sème des graines, ça fait quelques touches. Certains ont commencé à se renseigner et ils sont contents d’en discuter un peu plus. Ça, je ne le touche du doigt que depuis quelques semaines. Après, je suis conscient qu’on ne changera pas tout le monde.

As-tu eu la crainte de perdre des amis ?

Non. D’abord, je m’en suis fait beaucoup de nouveaux, notamment, mais pas que, à travers la formation. Et les bons amis sont restés de bons amis : si c’était des bons amis, c’est qu’ils étaient compréhensifs. Je n’ai pas eu de craintes et ça s’est bien passé.

Avec tes proches qui n’ont pas la même prise de conscience que toi, comment le gères-tu ?

Là où j’ai un gros point d’interrogation c’est avec mes parents (dans les 70 ans). Autant avec les amis, je peux avoir un discours radical, autant je le suis beaucoup moins avec eux parce que je sais que c’est trop tard pour chercher à convaincre ou changer quoi que ce soit. J'ai tendu des perches deux-trois fois. Il y a toujours un petit argument “Oui mais…”. J’ai pas envie de leur prendre la tête avec ça.

Qu’est-ce que ta mise en action a changé pour toi et autour de toi ?

Maintenant, je pousse un peu plus les curseurs un peu plus à fond sur les aspects écologiques au Hand et à la maison. Parfois, je me dis “j’ai pris ma voiture pour faire ça, j’aurais pu faire un effort là-dessus”. Je n’ai pas de mauvaise conscience, mais je conscientise plus certains de mes gestes.

Est-ce qu’il y a des choses que tu pensais indispensables à ton bonheur et dont tu réalises aujourd’hui que ça n’est pas le cas ?

On en revient aux aspects financiers : je me suis rendu compte que quand on dit que le temps c’est de l’argent mais c'est le contraire, l’argent c’est du temps ! On paye pour des choses quand on n’a pas de temps à y consacrer : on n’a plus le temps de faire le ménage, donc on prend une femme de ménage ; quelque chose qu’on peut se fabriquer avec 6 vis et 3 planches, on l’achète tout fait au lieu de prendre le temps de bricoler !

Maintenant, quand j’ai besoin de quelque chose, soit je fais durer le besoin pour voir si vraiment j’en avais besoin, soit je regarde si je ne peux pas le fabriquer moi-même. Tout le monde devrait avoir plus de temps, quitte à s’ennuyer ! Aujourd’hui, on ne veut plus s’ennuyer.

Y a-t-il des choses que tu regrettes de ta vie passée ?

Aujourd’hui, non, le virage est assez récent. Sincèrement pas. L’imaginaire lié au statut d’ingénieur peut être beau mais ça ne reste qu’un statut social et, ça, je ne regrette pas.

Qu’est-ce qui fait que pour rien au monde tu ne retournerais à ta vie d’avant ?

Travailler à nouveau dans l’aéronautique. Parce qu’aujourd’hui, c’est tellement en lien avec le militaire...

As-tu d’autres projets ?

Je me dis que, peut-être une fois que j’aurais passé les compléments de salaire Pôle Emploi, ça sera peut-être un peu juste, il me faudra peut-être trouver un moyen de compléter mon salaire. Cela pourrait être de faire de la formation, faire du conseil, aider à monter d’autres structures du type ressourcerie, monter quelque chose avec collègues du MSEI parce qu’on est plusieurs à se tâter.

C’est en tâche de fond mais, pour l’instant, il y a tellement de projets intéressants à la Rafistolerie, et de trucs qui foisonnent que ça n’est pas du court terme.

©Vincent Laratta

Comment imagines-tu l’avenir ?

Je ne l’imagine surtout pas à la mode Mad Max même si je pense qu’on va devoir passer par un ralentissement. Je pense que la décroissance, il va falloir y passer : la décroissance telle que ceux qui ont créé le concept en parlent, c’est-à-dire quelque chose de volontaire, pas de subi. Quand la population aura conscientisé ça un peu plus largement, collectivement, on peut vraiment avoir des choses sympas qui se mettent en place. Par contre, je pense qu’on va subir d’autres crises. C’est pour ça que c’est important d’agir localement dans des structures pour connaître les personnes ressources, et pouvoir mettre en place de l’entraide. Si on ne le fait pas, la planète nous le rappellera, de façon plus violente.

Dans ta transition, qu’est-ce qui t’a inspiré ?

Les ouvrages de Pablo Servigne parce qu’il présente des choses de manière documentée mais aussi avec des aspects beaucoup plus émotionnels. Il sait assez bien faire le lien entre les deux.

J’ai aussi écouté des conférences et lu des articles d’Aurélien Barrau, dans le genre engagé et assez radical. Un peu avant, j’ai aussi beaucoup lu Pierre Rabhi.

Ces personnes-là m’ont vraiment accompagné dans mon cheminement.

Concernant des sites internet, le dernier que je lis beaucoup, c’est le Bon Pote. Je le trouve très pointu et engagé dans ce qu’il fait.

En termes de presse, on s’était abonné à une revue qui s’appelle Yggdrasil, on vient de recevoir le dernier numéro. Il y avait une fin programmée : ils se sont arrêtés au bout du dixième. C’était un magazine très inspirant avec des articles très variés et beaucoup de sources d’inspirations (films, biographie, sites…).

Merci Stéphane. Je te souhaite bonne route.

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