Par Claire le 07/11/2021 dans Ils se sont mis en mouvement
“Si je veux vraiment avoir de l’impact, il faut que je parte de mon entreprise, que ces actions ne se passent pas à côté de mon travail mais qu’elles deviennent mon travail”
La Rafistolerie, la Ressourcerie dont Cécile est la coordinatrice n’est pas ouverte au public le jour où nous faisons l’interview. Mais, en ce début d’après-midi, il règne néanmoins une certaine activité. Un des bénévoles de l’association arrive en même temps que moi pour apporter un meuble en bois qu’il a retapé.
Tandis qu’il le dépose dans le local, sa remarque “C’est normal, cette flaque d’eau ?” déclenche une certaine agitation : le siphon de la machine à laver est en train de faire des siennes ! Nous voilà à quatre personnes en train d’éponger le sol. Rien de tel que d'œuvrer ensemble dans un but commun pour créer du lien : nous sommes bien dans l’esprit de cette association ! Une fois le sol sec, l’interview peut commencer.
Bonjour Cécile, tu es actuellement coordinatrice de La Rafistolerie à Castanet-Tolosan dans la banlieue toulousaine. Cette association est basée sur le modèle national du Réseau des Ressourceries, c’est donc une structure de l’économie sociale et solidaire. Elle fonctionne autour de 4 activités principales : collecter des objets inutilisés, leur donner une nouvelle vie, les revendre à prix solidaire auprès d’un public diversifié et, enfin, sensibiliser le plus grand nombre à la réduction des déchets, à la transition écologique, à des nouvelles pratiques de consommation pour des modes de vie plus durables. L’association a aussi pour projet d’ici à 2-3 ans, de créer un atelier chantier d’insertion avec une dizaine de salariés en insertion.
Peux-tu m’en dire un peu plus sur ton activité ?
Après avoir porté le projet pendant plusieurs années, depuis le mois de mars 2021, je suis coordinatrice et première salariée de l'association, à temps partiel. Mes missions sont de coordonner l'ensemble des activités ainsi que les parties prenantes de l'association. Cela veut dire créer du lien entre ces différents intervenants de la Ressourcerie : les membres du conseil d'administration, les bénévoles actifs qui sont présents au local, l'autre salarié et les stagiaires éventuels.
Je suis aussi le contact de la Ressourcerie pour les divers partenariats, que cela concerne des partenaires techniques ou financiers. Il peut s'agir d'autres acteurs du réemploi, comme Emmaüs ou des Ressourceries voisines, ou bien diverses institutions. Enfin, je suis en charge de la gestion financière, du prévisionnel, de la vision à plus long terme concernant l'évolution du projet.
Pourtant, tu n'as pas toujours travaillé à la Rafistolerie. Peux-tu m’expliquer ton parcours ?
Au lycée, comme j'avais de bonnes notes dans les matières scientifiques et je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire, on m'a un peu poussé à faire des études scientifiques. J’avais de bonnes notes en biologie, je suis donc partie dans cette voie jusqu’à un master professionnel en bio-ingénierie. A l’issue du master, je n'ai pas tout de suite trouvé du travail dans ma branche parce que je voulais rester sur Toulouse. J’ai alors travaillé un an dans la culture et l’événementiel. Ensuite, la PME dans laquelle j'avais fait mon stage de fin d'études m’a rappelée pour un poste de technicienne de laboratoire dans l’instrumentation d'analyses.
J'y suis allée, sans grand entrain, mais en me disant que c’était quand même bien de travailler dans le domaine dans lequel j’avais fait cinq ans d'études. Et puis le stage c'était bien passé, j'avais bien apprécié les personnes avec lesquelles j’avais travaillé. Je pensais n’y rester qu’un an ou deux mais, au final, j’y suis restée sept ans. Même si j’ai changé de poste au bout de cinq ans, c’était un peu la routine. Mais c'était confortable à ce moment-là de ma vie : j'ai pu avoir mes deux enfants, être à temps partiel pour m’en occuper, il n'y avait pas trop de pression.
Une sorte de statu-quo acceptable en quelque sorte.
Oui. Pourtant, petit à petit, je me suis rendue compte qu'il y avait des choses qui n'allaient pas, par exemple concernant la sécurité ou la communication avec la hiérarchie. Jusqu’à ce moment-là, je les avais acceptées parce que c'était mon premier travail et que j'osais pas le dire. J’avais aussi une perte de sens dans mon travail parce qu’on faisait des analyses pour des multinationales controversées.
A la même époque, environ fin 2015, j’ai vu le film “Demain” de Cyril Dion. Tout ce que j'ai vu en images, je le savais mais ça m'a fait comme un électrochoc. Je me suis dit “Mais, qu'est-ce que je fais là ? Voilà ce qui est en train de se passer et je ne sers à rien”. Au bout de quelque temps, lors d’un entretien de performance, je leur ai dit que je voulais partir et j'ai réussi à avoir une rupture conventionnelle. Je suis partie en avril 2017 sans avoir du tout de projets ! Je me disais juste que je voulais travailler dans l'environnement ou dans le social, voire les deux. C’était large !
Pendant l'été, en regardant les offres d'emploi, je suis tombée sur une annonce pour un poste dans une Ressourcerie. Je ne savais alors pas trop ce qu’était une Ressourcerie mais j’ai découvert que ça alliait le volet environnemental et le volet social. Le poste ne m’intéressait pas, je n’ai donc pas postulé mais je me suis intéressée au domaine et j'ai vu qu'il n’y avait pas de Ressourcerie vers chez moi. Je me suis dit “Pourquoi ne pas essayer de monter ça ici ?” J’ai alors commencé à rencontrer les acteurs locaux, d’autres Ressourceries, Emmaüs, pour voir comment ce secteur fonctionnait.
Et tu t’es lancée directement ?
Comme je ne venais pas du milieu associatif, j’ai considéré que j’avais besoin d'avoir une légitimité et de faire du réseau dans ce domaine. J’ai donc postulé au master “Nouvelle économie sociale” à l’Université Jean Jaurès en leur présentant mon projet de Ressourcerie. Pour le stage de master, je me suis posé la question de le faire soit dans une Ressourcerie, soit chez Emmaüs, soit dans la communauté d'agglomération puisque ce sont eux qui ont la compétence sur les déchets. C’est cette troisième voie vers laquelle je me suis tournée. C'était le bon choix parce que c'est ce qui m'a permis de présenter mon projet aux élus. C’est en effet indispensable d’avoir un soutien politique pour pouvoir monter une Ressourcerie. Ensuite après le stage, avec le soutien de la Glanerie, Ressourcerie de Toulouse, qui a accepté d’assurer mon portage salarial, j’ai réalisé pendant 6 mois une étude de faisabilité pour le compte du Sicoval, avec un co-financement par France Active (financeur solidaire pour l’emploi), le Sicoval et l’ADEME.
En parallèle, je parlais beaucoup de ce projet autour de moi, à mes amis ou d’autres personnes que je connaissais depuis moins longtemps mais qui étaient intéressés par ce type de structure. Cela a permis de fédérer un collectif, et, en décembre 2018, nous avons monté l’association La Rafistolerie avec 10 cofondateurs. C'était une période vraiment intense parce que j’étais à plein temps sur l'étude de faisabilité et qu’on commençait à mener des actions d'animation avec l’association. Ça a été une période avec beaucoup beaucoup d'heures de travail !
A l’automne 2020, la nouvelle municipalité nous a proposé de nous installer dans les locaux de l’ancienne poste. Après deux mois et demi de travaux, en janvier 2021, on a eu les clés ! On a ouvert au public fin mars, d’abord pour les apports d’objets. Pour la boutique, on a dû attendre fin mai parce qu'il y avait un nouveau confinement lié au Covid et qu’on ne pouvait pas . Ça n’était pas plus mal parce qu'on a eu le temps de bien aménager le local et on a ouvert dans de très bonnes conditions. Depuis le printemps, on a aussi commencé à s’organiser. Je suis salariée depuis mars sur un contrat de 20h même si j'en fait plus d’un commun accord avec le conseil d’administration de l’association. Un second salarié a été embauché en octobre 2021.
©Jo Tempié
Pourquoi, comme type d’action, as-tu choisi de créer une Ressourcerie ?
Parce que j'avais envie d'un projet vivant, avec d'autres personnes, un projet collectif. J’ai aussi besoin d’actions concrètes, de terrain et pas juste des études qui restent juste sur le papier.
Pourtant, au début, dire qu'on travaille sur les déchets, ça faisait un peu bizarre aux gens. C’est encore très tabou comme sujet. C’était donc un peu bizarre quelqu'un qui voulait travailler dans les déchets. J'avais cette sensation-là en tout cas.
As-tu ressenti des doutes ou des freins avant de te mettre en action ?
Avant de quitter mon ancien travail, j’avais un peu peur des conséquences financières par rapport au besoin d’assurer pour la famille. Ce qui a aidé, c'est que mon compagnon était alors en CDI, dans une entreprise stable et que son travail lui plaisait. J'ai donc osé passer le pas. Il m’a vraiment soutenue dans mon projet à ce moment-là.
Honnêtement, je pense que si je n'avais pas eu la rupture conventionnelle, je ne serais pas partie. Pourtant, si c'était aujourd’hui, je le ferais parce que, maintenant, je vois qu’on vit avec beaucoup moins qu'avant et que ça passe. Mais ça s’est fait progressivement.
Est-ce que ce changement s’est fait facilement ? As-tu dû faire face à des difficultés voire des échecs ?
Avec le recul, je trouve que je n'ai pas eu beaucoup de grosses difficultés ou d’échecs. Ceci dit, je suis très têtue ! Et quand je me définis un objectif, je fais vraiment tout pour y arriver. Par exemple, entre ma rupture conventionnelle en 2017 et mars 2021, date de mon embauche par La Rafistolerie, j'étais au chômage. Fin 2020, j’étais arrivée en fin de droit, je n'avais plus de rentrée d’argent. J’ai alors pris un emploi de caissière à temps partiel dans un magasin de bricolage. Même si c'était un temps partiel, on était dans le feu d'avoir bientôt les clés du local. Je recevais des messages toute la journée, c'était chaud !
Il y a quand même eu aussi des fois où j’ai eu envie de baisser les bras. Quand tu vois que, notamment au niveau politique, on ne te prend pas au sérieux et qu’on te balade. C'est vrai que, au début, j’ai eu le sentiment de ne pas être prise au sérieux. Quand je suis allée les voir la première fois, j'étais toute seule, il n'y avait pas encore de collectif. Quand on me voit, je n'ai pas l'air d'être une entrepreneur, je n'ai pas le charisme que certains peuvent avoir. Mais, du coup, c'est ce qui me donne aussi la ténacité de dire “Et oui, je n'ai peut-être pas le profil, mais je vais y arriver !”. Maintenant, avec la nouvelle mairie, il y a un vrai soutien. Et même au niveau de la communauté d’agglomération, nos relations ont évolué, ils sont en confiance. C’est vraiment chouette !
Concernant ma vie personnelle, même si je faisais plein de choses pour la maison et pour la famille, j'avais toujours en tête la Rafistolerie. Je ne m'en rendais pas trop compte mais ce projet me prenait toute la tête. Mais ça me passionnait, donc ça ne me gênait pas ! Au niveau de la famille, j’ai eu des appels mais je disais tout le temps “Ça ira mieux quand on aura passé telle étape”, “Ça ira mieux quand on aura le local”, “Ça ira mieux quand je serai salariée”... Dans les faits, le temps qu'on a et qu'on passe à faire certaines choses, on se le choisit soi-même. Maintenant que le projet est monté et que je suis salariée, je me suis dit qu’il fallait vraiment que je ralentisse. Je suis contente parce que je trouve que je n'y arrive pas trop mal. Ça me fait du bien aujourd’hui même si je ne me rendais pas compte que j'en avais aussi besoin à l’époque.
Qu’est-ce que ta mise en action a changé pour toi ?
De l'enthousiasme, de la confiance en moi. Ce projet, c'est une forme d'aboutissement. Vraiment ! En plus, avoir le local, le financement, quand je vois l'émulation collective qu'il y a autour de La Rafistolerie, c'est génial ! C'est très très fort ce qu'on vit humainement aussi ! J’ai donc pris énormément d'assurance. Donc, même si j’ai plein de choses qui me stressent, comme la pérennité financière de l'association, j'arrive à mieux le gérer.
Et ça a changé des choses autour de toi ?
Et oui, pas mal de choses ! Beaucoup des bénévoles me disent que l’association leur apporte beaucoup. Parmi eux, il y en a plusieurs qui ont de grosses difficultés personnelles. Quand ils viennent ici, c'est un bol d'air où on ne parle plus de leurs problèmes. Mais on peut aussi en parler s’ils en ont besoin. Donc, ça, ça fait vraiment plaisir.
Photo prise et choisie par Cécile
Pour revenir au début, comment s'est passée ta prise de conscience écologique ?
Je pense que ma prise de conscience s’est faite en deux étapes : il y a eu le film “Demain” et, ensuite, la découverte de la notion d'effondrement.
Avant même le film Demain, comme plein de gens, on a essayé de réduire nos déchets, de faire nos produits ménagers maison, d’acheter moins de produits neufs. Ça s'est fait petit à petit sans trop se mettre de pression. Après avoir vu le film, pour passer à la vitesse supérieure, comme j’étais à temps partiel dans mon ancien travail, je m’étais dit que j’allais m’investir dans des associations. Sauf que, en réalité, je n'avais pas le temps avec deux enfants en bas-âge. C’est aussi ça qui a fait que j’ai quitté ce travail : je me suis dit “Si je veux vraiment avoir de l’impact, il faut que je parte, que ces actions ne se passent pas à côté de mon travail mais qu’elles deviennent mon travail”.
Fin 2019, j’ai découvert la notion d’effondrement, Pablo Servigne et d’autres auteurs. Et là, c'est autre chose, on passe dans une autre dimension ! Parce que le film “Demain” est très optimiste en réalité, il donne de l'entrain. Je me disais “On peut sauver le monde. Très bien, allons-y !”. Alors que quand tu penses à la possibilité d’effondrement, tu te dis que c'est peut-être déjà foutu !
Malgré tout, je n'ai pas eu de phase de dépression parce que je suis d'un naturel assez optimiste. Je me suis rapidement dit “Maintenant qu’on y est, autant continuer à vivre le mieux possible en se faisant plaisir mais en ayant un impact positif”. En plus, tu ne peux pas faire machine arrière quand tu es lancé dans des projets comme celui de La Rafistolerie. Maintenant, je suis portée par l'enthousiasme des bénévoles.
Pourtant, au début, quand on a découvert le risque d’effondrement avec les autres cofondateurs de l’association, on a voulu aller diffuser le message, par exemple dans des comités d’entreprises. Et puis on s’est dit que ce message était dur. Comment dire ça à des gens, comment ils peuvent le réceptionner ? Finalement, on ne l’a pas fait.
Justement, la prise de conscience environnementale et climatique est souvent assez tabou, il est souvent difficile d’en parler à ses proches. Cela a-t-il été ton cas ? Comment as-tu fait ton “coming-out” ?
Je pense que je n'ai jamais vraiment fait de coming-out auprès de ma famille parce qu'ils ne sont pas du tout dans ce mode de pensées-là. Je sais qu’ils ne comprendraient pas. Pourtant, ils m’ont bien vu changer de carrière donc je pense qu'ils ont compris, mais je serai incapable de leur parler de l'effondrement.
A la Rafistolerie, il y a pas mal de bénévoles qui viennent pour avoir une activité sociale, pour ne pas être tout seuls et qui ne se rendent pas compte au départ de l'aspect protection de l'environnement de l’activité. Mais petit à petit ça fait son chemin. C'est sympa de les voir évoluer.
Concernant les amis, on en a pas mal qui sont ingénieurs et qui travaillent encore dans des grands groupes. Chacun a l'impression de faire un peu sa part, même si c’est à différents niveaux... Ce n'est pas évident d’en parler.
As-tu eu la crainte de perdre des amis ou de te marginaliser ?
C’est vrai que quand on se voit avec les amis de longue date, parfois, on a plus tout à fait la même vision, on n'est plus intéressés par les mêmes sujets. Mais ça n'empêche pas de continuer à se voir ! Je n'ai pas d'anciens amis que je ne vois plus suite à ce projet. J’ai de nouveaux amis liés à La Rafistolerie mais pas uniquement, aussi certains en lien avec l'école des enfants.
Avec tes proches qui n’ont pas la même prise de conscience que toi, ressens-tu un décalage ?
Je trouve que je deviens un peu intransigeante envers les gens qui ne franchissent pas le pas, qui ne modifient pas leurs habitudes ou leur travail. Mais je ne l’exprime pas, car je n’ai pas envie de les juger malgré tout. Et puis, chacun a ses soucis personnels qui font que ça peut être compliqué de changer et de faire autre chose professionnellement parlant. J'essaie de montrer l'exemple mais sans leur dire “Tiens, tu devrais faire ça”.
Est-ce qu’il y a des choses que tu pensais indispensables à ton bonheur et dont tu réalises aujourd’hui que ça n’est pas le cas ?
Je ne vois pas du tout de quoi tu parles ! L'argent ne fait pas le bonheur, c'est ça ? En tout cas, ça, c’est vrai ! Les choses matérielles, aussi. J’ai encore un certain attachement aux objets mais on en a plus que nécessaire. Autant distribuer. Et je pense que je suis aussi moins en attente de stabilité. J’ai moins peur de l’inconnu.
Y a-t-il des choses que tu regrettes de ta vie passée ?
Et bien… J'allais dire avoir du temps pour moi. Mais ça ne tient qu'à moi… Avant j'y arrivais. J'ai toujours fait de la danse, par exemple. Mais ça s’est arrêté avec le Covid et, après le confinement, je n'ai pas repris. Pour l’instant, j’ai du mal à faire des choses simplement pour me faire plaisir et rien que pour moi. Comme je travaille beaucoup, j’ai du mal à ne pas culpabiliser si je prends en plus du temps uniquement pour me faire plaisir, au lieu de m’occuper de ma famille par exemple.
Je regrette aussi que mes enfants ne puissent plus vivre dans l’insouciance qu’on avait avant. Ça me fait mal au cœur pour tous ces enfants qui arrivent maintenant. Ceci dit, les enfants restent souvent très optimistes : ma fille a trouvé plein de solutions pour qu’on se débrouille quand il n’y aura plus de pétrole !
Qu’est-ce qui fait que pour rien au monde tu ne retournerais à ta vie d’avant ?
La liberté ! La liberté par rapport à mon travail, dans mes horaires, la liberté de ne pas avoir de chef et de ne pas être chef. Je coordonne mais je ne suis pas chef. Et je n'en ai pas envie. C'est d’ailleurs écrit dans notre manifeste des valeurs de l'association : l’urgence de travailler autrement et de sortir des schémas hiérarchiques pyramidaux. On essaie de travailler tous ensemble, dans la coopération, sans hiérarchiser. Ça, c'est appréciable.
©Vincent Laratta
Qu’est-ce qui te met en mouvement aujourd’hui ?
C'est ce projet-là. Se dire qu'il y a encore des développements à effectuer comme l’agrandissement du local. Il y a aussi cette évolution vers le chantier d'insertion, ça va être super intéressant.
Le fait aussi qu'il y a des perspectives au niveau du territoire. La communauté d’Agglomération soutient ce projet parce que, pour eux, c'est une sorte de projet pilote. Leur objectif, c’est qu'il y ait d'autres Ressourceries un peu partout. Et puis le fait de vivre dans une commune qui est très dynamique pour la transition écologique et sociale. C'est motivant.
As-tu d’autres projets ?
Pour l'instant, c'est déjà pas mal ! Sinon, ce qui me trotte un peu dans la tête au niveau personnel, ça serait un habitat partagé. Sauf que là, je ne me sentirais pas de l’impulser seule. Et puis, c'est un projet à envisager en famille.
Comment imagines-tu l’avenir ?
Là, j’ai du mal ! L'avenir à 10 ans, 20 ans ? Je ne le vois pas tout rose quand même l'avenir. Au sein de la commune, on crée énormement de choses et il y a énormément d'entraide, mais s'il se passe des événements extrêmes, ça ne sera pas facile à gérer. Je préfère vivre au présent ou à 2 ans. Après, plus loin, on verra bien.
Est-ce qu’il y a une personne qui t’inspire ou qui t’a inspiré ?
Oui, j’ai rencontré certaines directrices de Ressourcerie ou d'Emmaüs qui sont très inspirantes. Que ce soit des femmes, c'est aussi très inspirant et encourageant. Mais, en même temps, ça fait peur aussi, parce que j’ai l’impression que ça a pris toute la place dans leur vie personnelle. Mais il n'empêche que ce sont des modèles.
C'est sûr que monter une Ressourcerie, c'est difficile et très prenant. Quand tu pars dans des projets comme ça, tu donnes tout. Tu passes tout ton temps à ça. Mais, pour rien au monde, je ne repartirais dans ma vie d'avant !
Merci Cécile. Je te souhaite bonne route.