Par Claire le 05/07/2020 dans Prise de conscience
Après la prise de conscience de la crise climatique, il n’est pas rare de se sentir dans une sorte de tiraillement : on voudrait agir, arrêter d’avoir des actions nuisibles pour la planète, mais on ne fait rien de concret, on fluctue entre l’envie d’agir, de “faire sa part” et un sentiment d’impuissance où l’on se dit “à quoi bon”, notre action personnelle semblant une goutte d’eau dans un océan.
Malheureusement, le fatalisme et l’inaction n’engendrent pas l’espoir et annihilent toute chance qu’on gagne le combat pour sauver notre Terre qui est notre seul habitat envisageable. On a donc tout à gagner à agir. Encore faut-il réussir à initier le mouvement et à l’entretenir, sans s’épuiser.
Pour débloquer la mise en mouvement, comme l’indique Cyril Dion : “la première chose importante est de se dire que vous ne sauverez pas le monde à vous tout seul et que porter tout le poids de la dégradation écologique du monde n’apportera rien à personne.”
Nous sommes des animaux sociaux
Nous sommes des animaux sociaux et, ça, pour agir, c’est vraiment dimensionnant !
Nous acceptons généralement de faire des efforts mais à condition que les autres en fassent aussi. C’est ce qu’on appelle la coopération conditionnelle. Comme personne n’a cherché volontairement à déstabiliser le climat ni à provoquer la perte de biodiversité, “ça n’est la faute de personne”, mais en même temps de tout le monde. Il faudrait donc que tout le monde s’y mette, pas moi tout seul...
D’un point de vue rationnel, on comprend bien que, si on ne fait pas d’efforts parce que les autres n’en font pas, il est certain qu’on va tous y perdre car rien ne sera entrepris pour infléchir la crise écologique. Néanmoins, pas si simple lorsque l’on prend en compte nos émotions, envies, frustrations.
Si je décide d’arrêter de partir en avion à l'autre bout du monde pour mes vacances, mais que je suis dans un environnement où chacun montre les photos des lieux paradisiaques qu’il a visités lors de ses dernières vacances (ou si je résiste contre le fait de m’acheter le dernier gadget électronique à la mode mais que je suis entouré de personnes qui vantent les possibilités cools que leur permet leur dernière acquisition électronique), cela sera plus difficile de garder mes résolutions sans frustration que si j’évolue au milieu de personnes qui valorisent le tourisme local et responsable (ou l’utilisation “jusqu’à la corde” des outils électroniques).
On comprend ici l’importance des normes sociales, de ce qui est valorisé dans une société ou dans un groupe, et de ce qui y est désapprouvé.
La bonne nouvelle, c’est que, pour faire évoluer les normes sociales, il n’est pas nécessaire d’avoir une majorité de personnes déjà convaincues pour que la bascule se fasse. 20 ou 30% des personnes suffisent à contaminer les autres : c’est ce qu’on appelle l’influence minoritaire. Donc si j’agis, si je mets en avant des valeurs pro-environnement, je participe à faire grandir cette influence et plus ces valeurs seront répandues, plus ce sera facile d’agir car j’entrerai alors dans la norme, et plus les autres tendront alors à agir de même car ce sera la norme. Un effet boule de neige en quelque sorte !
Agir pour aller mieux
Même si les lignes bougent déjà, on ne peut pas attendre que les normes sociales fassent passer l’écologie au premier plan pour agir. Autre bonne nouvelle : l’action va nous permettre d’aller mieux !
Être dans l’action donne un sentiment de contrôle sur notre avenir et redonne de l’optimisme. Dans la courbe du deuil, la mise en mouvement correspond à la phase de sortie de la dépression mais elle aide aussi à en sortir. Agir permet aussi de se dire qu’on “fait sa part” : quoi qu’il arrive demain, on pourra se regarder dans la glace le matin.
L’action est par ailleurs une des façons de gérer notre dissonance cognitive. De manière synthétique, lorsqu’il y a une contradiction entre nos comportements (activité professionnelle, mode de vie, désirs qui nous poussent à consommer) et nos croyances et opinions (j’ai conscience que mes comportements alimentent la crise climatique, la perte de la biodiversité et le pillage des ressources), cela génère un important inconfort psychologique.
Pour se débarrasser de cet inconfort, il faut aligner nos comportements et nos croyances. Nous pouvons soit changer nos comportements (changer de travail, agir dans mon entreprise pour qu’elle adopte des comportement plus éco-responsables, m'engager dans une association liée à l’environnement…), soit ne pas y penser voire changer nos pensées (si je prends l’avion une fois par an pour mes vacances, ça n’est pas si grave ; on nous parle d’urgence climatique mais, depuis le temps, on voit bien que ça n’est pas si urgent ; 2° de plus, ça n’est pas beaucoup, pas de quoi en faire un flan ; prendre ma voiture est tellement plus facile, je l’utiliserai moins quand le bus s’arrêtera en bas de chez moi).
Il a été montré que, la plupart de temps, nous réduisons l’inconfort psychologique généré par la dissonance cognitive en alignant nos pensées sur nos actes. Or, une fois que la prise de conscience est là, bien réelle, difficile de ne pas y penser ou de se trouver des excuses pour ne rien faire et continuer à vivre normalement. On a donc deux solutions : ne pas agir et se sentir mal, ou agir et se sentir bien. En réalité, pas le choix pour aller mieux !
L’action présente d’autres atouts
Elle permet de digérer les connaissances que l’on a de l’état de la planète en travaillant sur des solutions car ce travail d’imagination nécessite souvent d'approfondir le sujet de l’écologie et du climat.
L’action permet aussi généralement d’être au contact d’autres qui sont dans une action similaire ou complémentaire. On a alors le sentiment de faire front ensemble ce qui crée des ressentis positifs. Ce front commun permet de plus de conserver la motivation qui risquerait de s’éteindre si on reste seul. Enfin, notre action pourra aussi servir de modèle inspirant à d’autres.
Difficulté de se lancer
Malgré tout, se lancer dans l’action n’est pas si facile. Il faut trouver quoi faire, trouver quelque chose qui a de l’impact et qu’on puisse tenir sur la durée (voir Se mobiliser, oui, mais comment ?).
En réalité, c’est le premier pas qui compte, il faut réussir à mettre le pied à l’étrier. Tout changement est bon, même petit, car il donne confiance. Il permet de ne plus se sentir totalement impuissant et de retrouver un peu d’emprise sur notre futur, et de nous mettre dans une spirale positive pour faire mieux, plus, différemment ensuite.
Commencez donc petit (principe de permaculture !), par quelque chose de facile et qui vous convient. Commencer petit permet aussi, si vous avez commencé par une action ne vous convient finalement pas, de vous orienter plus facilement vers quelque chose d’autre car vous n’aurez pas investi trop de temps et d’énergie. En revanche, si vous réussissez, cela sera valorisant et vous donnera confiance. Vous monterez en puissance ensuite.
En résumé
Agir est indispensable, pour “faire sa part” mais aussi pour contribuer à faire évoluer les normes sociales.
Agir permet aussi d’aller mieux en mettant en ligne ses valeurs et ses actes, et en étant au contact d’autres qui sont dans une action similaire ou complémentaire.
Comme changer de mode de vie, se lancer dans l’action peut ne pas être facile. Il faut trouver quoi faire qui ait à la fois de l’impact et qu’on puisse tenir sur la durée (voir Se mobiliser, oui, mais comment ?). Il est néanmoins important de démarrer petit et surtout de garder à l’esprit que vous ne sauverez pas l’état de la planète à vous seul.
Si vos difficultés vous empêchent de bien fonctionner, n’hésitez pas à rencontrer un.e psychologue même ponctuellement.