Par Claire le 09/08/2020 dans Comment la théorie nous éclaire
Les constats sont là : notre planète, notre unique habitat, va mal (voir ici pour une remise en contexte rapide). Dérèglement climatique, destruction des écosystèmes avec disparition de nombreuses espèces animales et végétales, acidification des océans et montée des eaux, pillage des ressources terrestres… Si on ne fait rien, ou pas assez, les effets seront nombreux sur le climat, sur notre santé, sur nos modes de vie, sur l’économie, sur nos ressources alimentaires et en eau… et les conséquences pourraient alors être terribles : réfugiés climatiques, famines, guerres…
Si certains ne sont pas inquiets lorsqu’ils sont confrontés à ces informations, voire les tiennent pour erronées, d’autres vont avoir une prise de conscience aigüe de l’ampleur des dégâts et développer une angoisse vis-à-vis d’un avenir qui ne ressemble pas à celui qu’ils tenaient pour acquis avant cette prise de conscience.
Pour le dictionnaire Oxford, l’écoanxiété est une “inquiétude extrême face aux dommages actuels et futurs causés à l'environnement par l'activité humaine et le changement climatique”. Elle va se traduire par des symptômes variables d’une personne à l’autre, souvent des insomnies, un sentiment d’angoisse plus ou moins latent pouvant conduire à des crises de panique ou des troubles dépressifs. La perte de sens guette aussi souvent, accompagnée d’une anxiété existentielle.
Certains préfèrent parler de solastalgie. Ce terme, inventé dans les années 2000 par le philosophe australien de l'environnement Glenn Albrecht, est issu de la combinaison des mot "solace" ("réconfort") et algie (douleur) et correspond à la douleur liée à la perte de ce qui nous réconforte, c’est-à-dire notre environnement. La solastalgie se caractérise par un ensemble de manifestations de détresse psychologique qui serait plus large que l'écoanxiété : inquiétude, tristesse, mélancolie, colère…
Les termes écoanxiété et solastalgie correspondent donc tous les deux à une souffrance écologique et ils se caractérisent par des symptômes et des ressentis très proches.
Ce qui distingue ces expressions est plutôt à chercher dans la temporalité et dans l’échelle spatiale qui sont différentes dans les deux cas. La solastalgie correspond à une douleur qui survient lorsque l’on constate les dégradations faites à la planète par les activités humaines. C'est une détresse psychique ressentie par la perte d’un environnement que l’on a connu et qui ne sera plus. Elle est donc ancrée dans un territoire auquel on est attaché et dont on constate la dégradation.
L’écoanxiété a, quant à elle, une dimension plus prospective puisque c’est la projection dans l’avenir qui crée la souffrance. La personne ne regrette pas seulement le passé mais elle s’inquiète aussi pour l’avenir et sa détresse est renforcée par un sentiment d’impuissance, celui de ne rien pouvoir faire d'assez fort pour réussir à contrer le destin fatal de notre planète (voir aussi "Comment gérer mon anxiété"). L’écoanxiété n’est donc souvent pas rattachée à un territoire donné mais peut s’enraciner dans une perception plus large voire globale des dégradations de la planète.
Les deux ressentis, écoanxiété et solastalgie, ne sont donc pas exclusifs l’un de l’autre : il est tout à fait fréquent de ressentir à la fois une douleur face à un environnement irréversiblement dégradé et une angoisse se rapportant au futur en raison des dégradations généralisées qui continuent à être à l’oeuvre contre l’environnement.
Si vos difficultés vous empêchent de bien fonctionner, n’hésitez pas à rencontrer un.e psychologue même ponctuellement.